La vie familière et anecdotique des artistes français du Moyen Âge à nos jours by Alfred Leroy

La vie familière et anecdotique des artistes français du Moyen Âge à nos jours by Alfred Leroy

Auteur:Alfred Leroy [Leroy, Alfred]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Histoire
ISBN: 9782072193743
Éditeur: Gallimard
Publié: 1941-01-02T00:00:00+00:00


Mme VIGÉE-LEBRUN. — Portrait, par elle-même, 1790.

(Les Offices, Florence.)

Louis DAVID. — Son portrait, exécuté en juillet 1794,

pendant son emprisonnement au Luxembourg.

(Musée du Louvre.)

« — Juge ! M. votre père est juge ! Ah ! quelle grande, quelle honorable profession ! Quelle auguste et sacrée magistrature ! La première de toutes, messieurs, de toutes ! Juge ! représentant et organe de la Loi, chargé des droits et arbitre de l’honneur de ses concitoyens. Juge ! protecteur de la veuve et de l’orphelin. Juge ! On est vraiment, par la justice humaine qui doit être faite de justice divine, le supérieur de tous les membres de la société, depuis le mendiant jusqu’au souverain. Quel respect, quelle reconnaissance, quelle glorification ne mérite pas cette première des fonctions et des positions ! N’est-ce pas, brave et loyal jeune homme, que vous devez être fier d’un tel fonctionnaire ? N’est-ce pas ? Vous trouvez bien cela comme moi, dites ?

« — Oh ! sans doute, Monsieur !

« — Eh bien ! alors, comment se fait-il que vous ne suiviez pas ces plus nobles des traditions et des exemples de famille, en entrant dans la même carrière que M. votre père, au lieu de vouloir vous faire peintre ?

« Et le maître passe aux autres élèves. »

Ingres, qui aimait passionnément la beauté, voulait que ses élèves dessinent d’après des modèles choisis avec soin, lui-même en eut de vraiment remarquables.

« Une charmante fille posant chez M. Ingres, note Amaury Duval, me disait un jour : « Si vous saviez tous les cris d’admiration qu’il pousse quand je travaille chez lui !... J’en deviens toute honteuse... Et quand je m’en vais, il me reconduit jusqu’à la porte, et me dit : « Adieu, ma belle enfant » ; et me baise la main... »

Les femmes, souvent ravissantes, jouissaient en général du respect des élèves, beaucoup d’entre elles finissaient honorablement, se mariaient, s’établissaient à Paris ou en province, beaucoup aussi devenaient les maîtresses de quelque peintre en vue, surtout dans la deuxième moitié du XIXe siècle, certaines enfin s’adonnaient aux beaux-arts, non sans succès.

« On croit généralement qu’une femme qui pose est fort au-dessous d’une fille des rues. Les dames se voilent la face quand elles en entendent parler.

« — En plein jour ! s’écrient-elles ; devant trente jeunes gens ! c’est à n’y pas croire ! »

Amaury Duval ajoute : « Je les étonnerais beaucoup si je leur disais que j’ai eu pour modèles des jeunes filles d’une honnêteté relative fort étrange, et souvent inattaquable... Pour nous, la vue d’une jeune fille nue, sur la table à modèle, en plein jour, est tellement dépourvue de toute impression sensuelle, que le modèle comprend du premier coup qu’elle n’a affaire qu’à un peintre, pas le moins du monde à un homme... »

Les modèles hommes étaient de fort braves gens, familiers des artistes, introduits dans leur labeur quotidien, prenant soin du poêle en hiver, balayant la pièce, rangeant les choses, connaissant une foule d’anecdotes, habitués à converser avec les peintres et les sculpteurs, aimant les arts, les jugeant parfois avec une singulière perspicacité.



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